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ILS ONT DU OPTER POUR JESUS, UN HERETIQUE, UN PECHEUR ET UN DANGER

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Jn 6, 60-69

Ils étaient cinq mille, il en reste douze, et pleins de doutes. Demeure l'essentiel de la foi : « Toi seul a les paroles de la Vie éternelle ».

Nous voilà parvenus à la fin du récit et du chapitre. L'auditoire de Jésus est devant une option drastique : accepter Jésus ou ne pas en faire cas. Tout se passe comme si Jésus lui-même les avait placés devant l'alternative, sans nuances. Il n'est pas trop probable que se soit produite une situation aussi explicite dans la vie de Jésus, mais il est vraisemblable :

· qu'il y a eu dans la vie de Jésus une baisse de l'enthousiasme populaire à son égard, et que son messianisme a été rejeté : on en attendait un autre. Nous l'avons déjà commenté les dimanches précédents.

· que les groupes qui suivaient Jésus ont dû opter pour persévérer à l'intérieur du judaïsme ou se couper de lui, et que cette situation a été éclairée par les évènements de la vie de Jésus elle-même.

Il est par ailleurs assez évident que le rédacteur a arrangé le fait, y incorporant des expressions correspondant à la foi pascale, aussi bien dans les paroles de Jésus que dans celles des disciples.

En ce sens Pierre apparaît comme porte-parole (c'est son rôle pour les évangélistes) et la phrase mise sur ses lèvres exprime bien l'essentiel du récit : Jésus est celui qui a les paroles de vie éternelle, Jésus est la Parole faite chair, mentalité tellement typique du quatrième évangile.

Nous voilà devant le grand drame des contemporains de Jésus : Jésus n'a pas plu aux pharisiens, grands dévots de l'observance de tous et chacun des préceptes de la Loi/ Jésus mangeait avec des pécheurs, il n'observait pas strictement les préceptes : pour eux, Jésus était un pécheur.

Les scribes, théologiens experts dans l'Ecriture, Jésus les scandalisa souvent : leur interprétation était différente: pour eux, Jésus était un hérétique.

Jésus a été encore moins du goût des prêtres, qui ont vu en lui un danger public : leur statut social, l'importance du Temple, la connivence avec le pouvoir de Rome : tout pouvait s'effondrer. Pour eux Jésus était un danger.

Tous ceux-ci ont rejeté Jésus. Et beaucoup d'autres, en particulier dans le monde des riches, les politiciens, les rois....ceux que Jésus n'intéressait pas le moins du monde.

Jésus a plu à cette poignée de gens simples, qui l'avaient suivi depuis le Jourdain, depuis le lac. Ils l'ont vu faire des guérisons par compassion, ils l'ont entendu parler d'un Dieu « différent » comme personne ne l'avait fait avant lui. Ils ont mis en lui leurs espérances. Il leur a fallu traverser le désert, renoncer à leurs aspirations messianiques, se convertir au Royaume...et certains l'ont fait.

Alors que Jésus n'était plus parmi eux, ils ont dû accepter d'être expulsés de leur Peuple, d'être tenus pour hérétiques, de souffrir toutes sortes de persécutions, jusqu'à devoir donner leur vie, dans Jérusalem elle-même, tels Etienne, Santiago le Zébédéen, comme beaucoup d'autres. Et ils l'ont fait. Ils avaient cru en lui au point de considérer tout cela comme moins fort que leur foi en Jésus.

Tel est le dramatique argument des Actes de Apôtres, le combat intérieur de Pierre, de saint Jacques le frère du Seigneur, de Paul lui-même. C'est aussi une ligne thématique qui court dans tout le quatrième évangile et les lettres de Jean.

De nombreux attraits étaient offerts à ces premières communautés, le monde juif, avec sa sécurité traditionnelle, sa fidélité à l'Alliance, les lois et les coutumes qui venaient de Moïse, l'attirance fascinante du Temple ; et par ailleurs le monde Grec, resplendissant de sagesse, de philosophie, avec des auteurs fameux, à la culture tellement élevée...

Et là au milieu, telles des barques minuscules agitées par des vents aussi puissants, fascinées par de si brillants appâts, les communautés des partisans de Jésus, n'offrant rien des splendeurs des autres, à part leur foi dans le charpentier crucifié.

Elle est émouvante la profession de foi de Pierre que nous lisons dans les dernières lignes de l'évangile du jour : »Nous autres, nous croyons en toi ». Et c'est tout. Tous les autres ont la sagesse, les arguments, les systèmes philosophiques, les raisons historiques, le pouvoir....nous autres, nous croyons en toi.

Nous ne pouvons faire moins que reconnaître ici la force de l'Esprit. Nous la reconnaissons en Jésus mais aussi, oserai-je dire encore plus, dans la foi des premières communautés. Au dessus du Temple, de Moïse, de Platon, au-dessus de tous...le fils de Joseph et Marie, le charpentier crucifié.

 

POUR NOTRE PRIERE

Il nous arrive souvent d'envier ceux qui ont vu Jésus de leurs propres yeux, qui ont pu entendre en direct ses paroles elles-mêmes. Nous pensons que tout a été plus facile pour eux. Ceci me semble très douteux. Nous, de quelque manière, avons « hérité de la foi », et j'oserai dire d'une foi « domestiquée ». Croire en Jésus ne nous est jamais apparu comme étrange, mais au contraire comme de l'ordre du «normal », alors qu'il leur a fallu vivre un renoncement déchirant.

Pourtant cela nous offre un bon moyen de mesurer l'intensité et la sincérité de notre foi, parce que s'il s'agit de la foi en Jésus, elle nous demandera toujours d'abandonner ce qui a vieilli, d'accepter sa Bonne Nouvelle. Ce qui touche à Jésus est Nouveauté, nouvelle, pas seulement pour l'avoir été historiquement, mais parce que chaque croyant parcourt un chemin le long duquel se font des découvertes qui poussent à abandonner les sécurités d'antan.

Davantage encore lorsque, dans l'église entière et en chacun de nous, une de nos tentations est de revenir au messianisme orthodoxe facile, extérieur, satisfaisant, qui donne la sécurité. Suivre Jésus, c'est toujours marcher, laisser derrière soi des installations, même si celles-ci sont le climat général de l'Eglise elle-même.

Finalement il est nécessaire de méditer aujourd'hui sur notre propre foi en Jésus, comme un cadeau reçu. Parmi tant de personnes intelligentes, devant tant de sagesse, un tel pouvoir...qui sommes-nous pour annoncer n' importe quoi, qu'avons-nous de plus que les autres, et pour quelle raison et dans quel but ?

Finalement, pourquoi croyons-nous précisément dans le crucifié, pourquoi sentons-nous du plus profond de nous cette foi là, plus puissante que tout le reste ? La réponse, peut-être la trouverons-nous dans les mots du quatrième évangile : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est Moi qui vous ai choisis ».

Alors recommencerons-nous à voir dans le Royaume un Trésor offert, une invitation, un engagement joyeux à être aux affaires du Père.

 

José Enrique Galarreta

Traduction Maurice Audibert

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